Willliam Capoën
Zeitzeugengespräch
25.11.2020 (Teil 2)
Transkription von Tom Strauch (Universität Trier)
Interviewt von Sophie Lutz (FU Berlin)
Ort: Centre Français de Berlin
TeilnehmerInnen: Florian Fangmann, Sylvie Matthias (CFB)
Min 00:45:12 I2: Ça, j'en n'ai pas mal aussi () Là on a pas du tout trouvé l'information, c'est, c'est les finances. En fait, tu m'as expliqué une fois je me souviens que les factures ici, vu que c'était payé par les contribuables en fait par les, les impôts des Allemands, qu'on voyait pas vraiment des factures d'électricité et?
PI: Ah non, tout ce qui était...tout ce qui était au électricité, chauffage hein, tout ça c'est les factures étaient directement ventilé sur le service du budget au quartier Napoléon qui payait ça sur budget "FODI", c'est fonds d'occupation dépenses imposées, c'était des fonds allemands.
I2: Et ça c'est pareil pour tous les alliés en fait, pour les Américains, pour les Britanniques?
PI: Ah c'était un peu différent. Nous, les Français () les français, je dois donner un exemple. Les français avaient par exemple 500 millions de Marks. C'était peut-être plus, mais 500 million de Marks budget annuel. Ce budget annuel, il fallait le justifier auprès des allemands, donc auprès l'Oberfinanzdirektion. (.) Et après l'Oberfinanzdirektion mettait son petit tigre gris, et puis après c'était géré ici et ici, il payait et après...éventuellement, c'a partait à l'Oberfinanzdirektion mais le problème c'est qu'il faut savoir que c'était un statut d'occupation, donc si on a dit "nous on est pas d'accord" , on dit "Vous êtes pas d'accord, voilà ce qu'on vous impose". (I2: Oui, oui c'était imposé là). C'est pour ça que ça s'appelle fonds d'occupation et dépenses imposées. (..) Ah oui c'est toute une histoire.
I2: Et les [B1 rit] quand quelqu'un venait ici par exemple je ne sais pas la Musikschule Wedding, Volkshochschule Reinickendorf ou même un privé, est-ce que vous avez fait payer pour récupérer la salle ici ou pas du tout?
PI: Non non, non ça faisait partie...ça faisait partie du gentlemen agreement. Par exemple, on travaillait en liaison avec le Kunstamt Wedding Bon, et bien le Kunstamt Wedding, quand il utilisait les locaux, il ne payait rien du tout. Mais nous, On ne leur a pas fait payer puisque normalement on était pas censé leur faire payer. Sinon on les aurait fait payer (I2: Deux fois) hein deux fois. Ils payaient déjà avec leurs impôts [PI rit] oui et puis. Non...bon ça faisait partie du gentlemen agreement. Les...les...tous ceux qui venaient, même pour l'hôtel, les, les scolaires, ils payaient à l'époque peut-être 5 Mark par nuit. Vous savez pas, 2,50EUR [PI rit] la nuit. Le personnel était payé sur fonds d'occupation.
I2: Tout le personnel ici?
PI: Oui tout les 28 personnes figurés sur...également sur les guises de salaire eh qui étaient géré par le service du personnel et du budget. C'était un service qui était allié. C'était...Donc y avait pas besoin de finances. Les seules finances qu'on avait, c'était par les billets des cours de français. (.)
I2: Et là, vous avez encaissé les gens ou? (I1: Oui). Et les cours de cuisine, ça existait encore ou?
PI: Ah non, quand j'ai pris, vous (savonnez) on avait arrêté les cours de cuisine. On avait encore eu un ou deux, ça se passait là où il y avait la cuisine, qui est là () il y avait une grande grande cuisine, il y a des cours de cuisine mais eh ça a arrêté...les cours de cuisine ont dû arrêter dans les années 78.
I1: Mais y avait plus de gens qui étaient intéressé ou c'était juste un choix? ()
PI: C'était surtout trouver un prof, un cuisiner qui fasse les cours de cuisine. (.) (I2: Ok d'accord). Mais...bon c'était assez amusant parce que moi un jour j'étais avec le docteur Richter, patron de la Oberfinanzdirektion avec lequel on était vraiment en très bon terme hein. Il venait chercher du vin chez moi à l'Algrange après la lèche du mur. Ehh bon il s'accommodait de la situation [du bruit à l'arrière-plan] mais par contre par rapport aux autres alliés, les Américains eux récupéraient le fric qui était envoyé sur Francfort. Et c'est Francfort qui gérait pour, pour avoir une certaine équité dans les dépenses sur toute l'Allemagne. Les anglais, c'est pareil, c'était envoyé à Londres et les anglais achetaient ce qu'ils voulaient, ils achetaient des matières anglaises etc. Nous on avait trouvé...c'est pour ça qu'on était très bienvenue... très...très bien côté par les allemands parce que nous, on disait l'argent allemand doit rester en Allemagne, donc l'argent qu'on avait servait à acheter (.) des cuisines allemandes, des frigos allemands, des voitures hein allemands, cinq on avait ehh Mercedes, Mercedes, surtout Mercedes et Opel. Moi j'ai eu une Opel Kadett et une Opel (Obega)
Min 00:50:17 I2: Et le personnel aussi, il n'y avait pas mal d'Allemands qui travaillaient aussi pour vous, c'est ça?
PI: Bah écoute, eh moi j'avais sur 28 personnes (.) j'avais une dizaine de français ou françaises et une quinzaine d'allemands. Eh parmi les allemands, c'était je te dis...Parler comme... t'es allemand, toi? [Question à I1]
I1: Oui.
PI: Beh oui comme toi. Parler et...
I2: Tous bilingue.
PI: Français. Totalement français. J'avais des filles qui étaient en sténo qui étaient sensationnels, qui...Je dictais pendant 2 heures (.) une heure après, e paquet des feuilles était là, il y avait juste à corriger, c'était [PI rit] J'ai encore des statistiques là-dessus, sur tout ce qu'on à fait. Je disais toute à l'heure à Sophie, on a peut-être favorisé la venue à Berlin (.) disons (moi de longtemps) minimum 30.000 jeunes, 30.000 scolaires, étudiants.
I2: De France?
PI:
I2: Et ils étaient hébergés ici en (PI: Bah.) souvent ou extérieur aussi?
PI: Non, ceux qui était dans le cadre de l'échange franco-allemand étaient hébergés chez leur correspondants et ceux qui n'avaient pas d'hébergement hein, on les a hébergé au cinquième. Et il y avait juste 30 (I2: plusieurs dortoirs.)
I2: Et ehm tu connaissais encore peut-être une (Tome) Meyer?
PI: Ah oui, elle est mort à 50 ans à un concert.
I2: Concert, oui. Elle était juste un ans ou deux ans à la direction, c'est ça?
PI: Oui () mais Tome Meyer, elle était bien mais euh...elle était trop copine avec les autres filles. Donc c'est, c'était ehh quand je suis arrivé, c'est ah peut on faire les courses pendant les heures de service, c'était (gênant). Donc pour ça la pause de midi ou pour ça le soir après le service. Mais c'était...elle avait un peu pourri le système.
I2: C'était une allemande ou une française?
PI: Une allemande.
I2: Ah ok.
PI: Mais qui était totalement bilingue. Mais la pauvre, elle était très gentille mais elle n'a pas eu de chance à 50 ans.
I2: Mhm. Et elle était juste un ans ou 2 ans à la direction, c'est ça?
PI: () Oui deux ans.
I2: Et c'est elle qui a repris de Corcelle, c'est ça?
PI: Oui et c'est elle qui a repris après Corcelle. (I2: Ah oui) Corcelle, lui il est déjà arrivé en [19]45 ou [19]46. Et Corcelle, lui il dirigeait aussi le centre Wedding à la Seestraße. (I2: Le foyer là haut, oui.) Et Corcelle, c'est lui, le docteur Charles Corcelle, c'est lui qui était responsable de la...eh de tous les tous les personnels quand on construisait les pistes de Tegel pendant (plus rien). (I2: Oui) Donc c'était quelqu'un assez costaud. [PI tousse] Corcelle, mais il était un peu pareil Corcelle. Oui je le sais, c'est que il arrivait ici au bureau l'après-midi à 16:00 heures et après il gardait les secrétaires jusqu'à 02 heures du matin, puis si elles mouftaient, elles étaient virées.
I2: Ah oui?
PI: Ah oui oui. C'était...C'est un connard (fini).
I2: Et tu l'as connu au début?
PI: Ah je l'ai connu, oui. J'avais (). En plus, il est...il était un caractère acariâtre parce qu'il bouffait que des légumes et des carottes. [PI rit]
P4 [entre à nouveau dans la salle]: Comme une petite souris. (PI: Oui) Ça m'intéresse.
PI: Ça t'intéresse? [I3 rit] Bon on fera...on fera une petite séance pour Sylvie alors.
I2: Oui c'est ça, oui.
PI: Non mais... Il y a des trucs sympas. Les histoires près de la semaine française dans la Müllerstraße, c'était sympa ça. Plein de commerçants qui avaient mis leur vitrine aux couleurs françaises.
I2: Mhm. C'était quand ça?
PI: Ehh (..) 82, 83, 84...82, 83, 84 hein et il y avait un défilé avec la musique militaire qui partait de la mairie de Wedding jusqu'ici, toute la Müllerstraße. Et avec la musique militaire... c'est dommage qu'on n'a...qu'on n'ait plus les vidéos maintenant. C'était...c'était toute une époque ça.
I2: Et tu as encore des vidéos? En fait, en général des vidéos, des cassettes VHS ou un truc comme ça ou? Non hein? Seul le centre...
PI: Ehh (..) Non, non, non. (.) Non, je sais...c'est, c'est... de façon, quand toutes les archives étaient détruites, c'est toutes les, toutes les bandes qu'on avait aussi hein. Toutes les...on avait aussi des, des, des cassettes VHS hein. Tout ça, c'est partie à la (.) au broyeur. Tout, tout, tout, ils ont vidé les armoires, les bidasses [soldats], ils s'en foutaient hein.
Min 00:55:03 I2: Et ça c'était en 80...juste avant les..?
PI: Ça c'était en [19]93.
I2: 93 ok.
(...)
I1: Est-ce qui est il y a quelqu'un qui est venu ici pour ehh tourner des choses pour la télévision aussi? Parce que j'ai vu ça dans des autres rapports... dans les rapports de Monsieur Corcelle par exemple que que...
PI: Corcelle?
I1: Oui il a écrit que pendant son temps, il y a deux fois la télévision qui est venu pour tourner des émissions sur le centre mais c'est..
PI: Oui bah comme maintenant comme toi, tu fais venir la télé pour faire des prises de vue. Ehh oui ça se faisait ehh qu'est-ce que...
I1: Mhm. Mais c'était plutôt pour le, le eh la télévision française ou la télévision allemande?
PI: Non à l'époque, il n'y avait pas la télévision française sauf en France. Mais on avait un type qui était venu filmer. Je ne me rappelle plus en quelle année. Reischenbach, il s'appelait Reischenbach...Quelqu'un () fait une vidéo sur ehm sur les Français à Berlin. Donc il a peut être aussi...Reischenbach. Je l'avais emmené en vedette le nom de la la Heiligensee, le long de la ligne de démarcation qui avait au milieu du lac. Il y avait les bouilles au milieu, il ne fallait pas déplacer, sinon on () apparaitre vite les allemands de l'est arriver. On allait les narguer avec la vedette et les drapeaux français. [Hilarité générale]
I2: Heiligensee là.
[Conversations en arrière-plan]
I1: Et ehm j'ai quelque part aussi ehh le seul endroit où on faisait des exercices militaires ensemble avec les autres alliés, dont les Britanniques et les Américains, c'était dans le sud, la Lichterfeld, c'est vrai?
PI: Ouais, c'était... je sais pas si c'est pas si... c'est pas un gâteau.
I2: C'est un gâteau ça?
PI: Je crois oui.
I2: C'est marqué dans le sud de Berlin, mais je ne sais pas...
PI: Oui oui. Je croix que c'était à oui...bah y avait des exercices interalliés. Moi, je n'ai pas connu parce que moi, moi je n'ai jamais crapulé de ma vie. Ehh (.)
I2: Et les échanges...Les britanniques, les alliés...
()
PI: Moi j'étais pendant 10 ans, j'étais président du club nautique français ehh et nous on faisait régates interalliés, alors une année c'était chez les Britanniques, une année chez les Américains une année chez nous et puis ehh... bon, après il y avait des coupes, ce qu'on appelait les tripartites. Oh c'était sympa ça, c'était vraiment sympa. Moi j'ai des bonnes anecdotes. Hein c'est quand le vent souffle (..) quand tu rentres dans le, le Wannsee, avant la, c'est partie de la Hafel. Quand le vent souffle, ça souffle. [PI rit].
Oui oui. Mon beau-frère, il a aussi une voile là bas.
PI: Oh la la. Je vois. Voilà tu sais. Wannsee.
I2: Et ehm donc on passe un peu du (coquelin), mais bon, c'est pas grave. Les 25 km là, la course qui était initié aussi par les français, c'est ça ou? (PI: Oui.) C'était une course ouvert pour tout le monde ou?
PI: Ouvert pour tout le monde, oui . J'ai participé au démarrage.
I2: Ok, ça était de quand à quand? C'était une?
PI: Ah attends. Ça c'est une question pratique pour que je regarde...
()
I2: C'était déjà à l'arrivée ou?
PI: Oui bien sûr parce que j'ai participé avec le capitaine de l'état-major eh eh commissaire près en musique. Eh cela a pris de l'ampleur. Les 25 km de Berlin, moi j'ai participé 3 fois hein. Et 3 fois pas à l'organisation, 3 fois à courir. (I2: À courir?) Bon À l'époque, j'avais 30 kilos de moins [PI rit]. J'étais pas si bien nourri.
I3: Ah je ne savais pas qu'il avait ces 25 km de Berlin.
()
I2: Oui c'était un grand événement. Et la Tour de France, les étapes de la Tour de France ici.
PI: Ah [19]87.
I2: Vous étiez impliqué un peu?
PI: Ah oui. C'était le, l'ancien directeur de l'Ibis. J'ai plus...j'ai plus son nom. L'ancien directeur de l'Ibis, c'est pour ça que sur des affiches de la fête franco-allemande, tu as en bas le vélo.
I2: Oui c'est la le partenaire, créé juste après quoi encore (). Et c'était Chirac à l'époque, le maire de Paris?
PI: Je crois oui. Et c'est la (Berlin) qui était dans le cours, j'ai bu un verre avec lui un verre sur la fête franco-allemande sur la terrasse du restaurant. Oui là bas. Comme c'est un breton, et puis comme j'avais un copain, qui était breton aussi. C'était tout...Il me disait "Ah tu peux pas" , je disais oui oui OK. Je l'ai demandé de venir, il est venu sans problème.
I2: Oui, oui. (..) Hm. (...) Oui. (.) Et ehm le pavillon du lac () en fait, il y avait un lien avec le centre? Le pavillon du lac, le restaurant ou? (PI: Non.) Tous les endroits un peu français en dehors du centre...
Min 01:00:02 PI: Mais non, le pavillon du lac, c'était le restaurant qui a été mis en place par l'administration civile du gouvernement militaire.
I2: OK. Et c'était lui qui a construit?
PI: C'était construit sur un terrain qui appartenait au Forstamt, hein c'est pour ça que ça fait des problèmes à la fin et que pendant plus de 10 ans, 15 ans, il a resté fermé parce que personne ne se sentait concerné. Et on a presque failli avoir le même problème avec le club nautique. Parce que moi je suis un des, des membres fondateurs du club nautique français de Tegel, eingetragener Verein EV. D'ailleurs ça m'avait (fallu) pas de problème. Chez nous, hein parce qu'il y avait quelques connards dans le ministère de la défense qui disaient "vous, vous vendez vous vendez nos biens à vendre avant qu'on soit parti" [PI rit]. J'ai rien vendu du tout. On assure l'avenir.
I2: Mhm. (..)
PI: C'était incroyable, incroyable. Alors même, ça c'est une anecdote un peu ehh disons qui laisse en très bon souvenir, c'est que le mec qui était responsable civile du ministère de la défense, il avait fait envoyer des ouvriers souder la porte d'accès entre les deux clubs, entre le Tegeler Segelclub, allemand et nous. Alors c'était la porte de l'amitié qui avait pas de serrure, qui restait toujours ouverte. Il avait fait souder la porte. Alors (.) moi j'arrive, j'étais dans ma colère, qu'est-ce que j'ai fait?
I2: Dépiter la porte?
PI: J'ai mis un grand briquet à la porte, les soudures empiétés et une heure après, j'étais chez le générale, j'ai dit c'est scandaleux. Le général est venu s'excuser auprès des allemands. (..) S'excuser, il a dit "C'est un collaborateur trop ainée". Ah oui, les petits trucs comme ça. (.) Bon, il est mort le mec, j'ai dit pour le personnel, c'est une ordure. [I2 rit]. Ah oui, ah oui il était mauvais. Oui oui.
I2: Et les relations entre ici et le quartier Napoléon? Comment...est-ce qu'il avait beaucoup de gens qui fréquentaient le centre par le quartier Napoléon?
PI: Non, au quartier...si, ils venaient quand on a eu des expositions de peinture, quand on a eu des vernissages, il y avait toujours une, oui...vingtaine, vingtaine, trentaine de personnes qui venaient de, de la garnison. Sinon non, il y avait très peu de relation. Pour eux, c'était comme si c'était une entité qui leur appartenait pas.
I2: Parce que c'était franco-allemande?
PI: Non parce que c'était indépendant.
I2: Oui parce que aussi, c'était franco-allemand. C'était pas... ()
PI: Et le pavillon de lac, pavillon de lac, c'était superbe. Pavillon du lac, ehm les membres des forces eh ou ceux quiet pour le cinéma elle est militaire il fréquenté de Puteaux le sinon ici c'était surtout les 90 % de leurs leaders comme les gosses c'est juste intégreraient titulaire de la carte GMB, Gouvernement Militaire Berlin, on avait 40% de réduction sur les prix. Suffait que tu pouvais te prendre le cœur d’Angus pour eh 10 Marks [PI rit] C'était...Je dois encore avoir quelques factures, oui. Tu peux pas raconter ça, les gens vont dire que t'es un menteur.
I1: Et pour le cinéma, eh les militaire, ils fréquentaient plutôt le cinéma?
PI: Non non parce qu' ici c'était surtout des...ehh disons 90 % films allemands et les militaires français, eux fréquentaient plutôt le (BigAndBen) , l'Hollybird, le Twenty-Five, ehh [PI rit].
I2: Et L'Aiglon?
I3: [en arrière-plan]: Et L'Aiglon? (PI: He?) Et L'Aiglon?
PI: Ah L'Aiglon? Si, à l'époque... par contre, comme L'Aiglon, c'était juste ehh disons c'était quasiment intégré dans le quartier Napoléon. Le cinéma L'Aiglon était très très bien fréquenté, mais là L'Aiglon, c'était que des films français. Oui et L'Aiglon, là il y avait la villa à côté, c'était la villa eh eh...
I2' C'était le commandant à l'époque-là?
PI: Göring.
I2: Göring, oui.
PI: Göring hein. Göring. Et dans cette villa, elle était occupée de [19]42, [19]43, [19]45 eh par le général Sydow, S-Y-D-O-W qui était le général qui commandait la flaque du Grand Berlin. Et j'ai eu le plaisir de faire la connaissance de sa fille qui travaillait au ministère de la défense à Bonn. Je l'avais invité ici au quartier Napoléon au mess officier. Elle m'a montré un truc, elle me montrait un truc où elle faisait du cheval quand elle avait 16, 17 ans là son truc équestre et elle me montrait aussi... tu vois dans le mur trois points là devant le mess officiers, dès là il y avait l'aigle avec la croix gammée et tout, elle m'a montré des photos. C'est dommage, on n'avait pas la même possibilité que maintenant, tu prends ton téléphone portable, tu fais une copie. Ouais truc intéressant à me raconter comment se passait la vie à l'époque.
Min 01:05:12 I2: C'était la villa qui est juste à côté hein, de L'Aiglon. () oui s'ils l'ont vendu maintenant, il y quelques...
PI: Je ne sais pas s'ils ont vendu...
I2: SI, on a dû en fait.
PI: Oui non. Et là après, cette villa était occupée...une était occupée par le colonel adjoint du général et l'autre était occupée, français hein, et l'autre était occupée par Logard, Jean-Marie Logard, qui était l'administrateur civile de la défense, qui avait été envoyé par Paris pour couler le bateau. (..) Pour couler le quartier Napoléon. Et moi, j'étais directement sous ses ordres. Je te fais pas de dessin. C'était eh...PAS PAS drôle du tout. [PI rit]
I2: Oui, c'est une autre vie hein.
PI: Oui, c'était une ordure de première. Tous les matins, ils avaient une réunion de travail (.) et il avait un colonel, avec lequel j'étais () François Petit, il me disait un jour "William j'en ai marre, fais quelque chose hein, eh mets les pieds dans le plat ou alors démissionne." Ehh il dit tous les matins une demi-heure qu'on () pour baiser Capoen. Tu vois, le problème c'était simplement un problème de [PI rit] (..) Oui, voilà, et puis c'était le mec, oui eh le mec qui commandait des...sur fonds d'occupation, il commandait eh une centaine d'ordinateurs bulles qui n'étaient même pas sortis de leur carton et qui partaient après en carton, directement en carton à Paris après pour soit IGESA ça, soit...tu sais ce que c'est. L'institut social des armées. Et bref, finalement à faire tout ses petites bricoles, trouver un adjoint, un vice-président, une vice-présidente du IGESA pendant 2 ou 3 ans. Là j'étais sous sa classe.
I2: C'est clair. Et il n'y a pas mal d'histoires comme ça.
PI: Mais ça, il faut pas...ça il faut pas...
I2: Non, on ne va pas mettre ça dans (le doublant), mais eh...
PI: Tu sais qu'à l'époque, j'avais dix...je vais écrire un bouquin parce que j'avais...hein, sur tous les flux financiers aussi hein. J'aurais pu créer un bouquin et y en a un qui était au service des, des affaires financières, quand il appelait, il me dit William tu sais (Perigo) s'est suicidé avec trois (balles). Mhh. Là tu touches, tu touches au ministère de la défense, tu touches au...parce qu'il y avait des types qui venaient de Paris, KDU fonctionnaires qui margeaient à Paris et qui ici margeaient la même chose. (.) C'est fou, hein.
I2: Et c'est...voilà, renvoyé ou suspendu à Paris, ils ont fait leur poste ici en continuant la même chose en faite, on peut dire.
PI: Comment?
I2: En fait, ils sont partis de Paris parce qu'ils étaient obligés de partir, mais...
PI: Non, ils...non, non. Ils naviguaient, ils venaient dans ce qu'ils appelaient le "groupe de tutelle". (.) Eh voilà tiens, j'ai même un exemple. (..) C'est le comité d'orientation [PI rit], mais il n'a pas le droit à la parole mais eh, comment ça s'appelle maintenant?
I2: Conseil d'administration.
PI: Oui, conseil d'administration. Mais c'est pareil, ils venaient, ils écoutaient, mais il n'avait pas le pouvoir de décision. (.) T'as dû attendre avec eux, toi [I2 rit]. Ah non, c'est pas toi qui a mis ça en place, c'est Brocke, c'est Brocke [PI rit]. Et Brocke, à l'époque, il m'avait dit Ah, t'inquiète pas. Conseil d'orientation, on écoute leur avis, mais on fait ce qu'on veut.
Oui, et non pas conseil d'administration, ça c'est...
PI: Non, pas un conseil d'administration. Voilà on est loin du sujet là, non?
I1: Je voulais revenir surtout ehm à l'équipe qui travaille aussi parce que ehm en a déjà parlé qu'il y avait pas mal des Allemands aussi mais est-ce que si tu es aussi une équipe tout à fait féminin parce que je pense pendant le temps, pendant le temps de Madame Thormeyer, c'était juste des femmes oui?
PI: C'est ça. À l'époque de Madame Thormeyer hier que c'était que des femmes sauf un ouvrier d'entretien qui s'appelait Chaussy, son nom de famille Chaussy. Mais il y avait...() c'était celui qui nettoyait. Et sinon il n'y avait que des femmes.
I1: Et c'était la même chose quand vous êtes devenus directeur?
PI: Oui quand je suis arrivé, eh j'ai...bref oui, j'avais un type, il était chauffeur donc il faisait...il m'amenait à la gare ou il m'amenait... parce que c'est pareil j'ai évité de faire comme certaines collègues, qui ont gardé leurs chauffeurs en permanence (I2: Je reviens après) quand ils allaient en boîte de nuit et quand ils sortaient bourrés de la boîte de nuit, le chauffeur racontait le lendemain tous ses collègues [PI rit] moi j'ai jamais utilisé les chauffeurs la nuit, seulement pendant les heures de service
Min 01:10;22 I1: Mais c'était (PI à I3: Ça c'était les petits trucs, les petites anecdotes) c'était aussi des anciens militaires ou des, des ehm bah les familles travaillaient avant à l'administration de l'armée ou?
PI: Non non, non non, c'était des gens... parce qu'à l'époque, il y avait un service, service de recrutement au quartier Napoléon. Eh il y avait à peu près 4000 civils qui travaillaient et donc le service de recrutement ehh disait bon en tel service, il faut un chauffeur, en tel service, il faut un secrétaire masculin ou un homme et tout était encadré avec le groupe de salaire qui allait avec le poste et tout, tout était eh...
I1: Et donc les Français qui travaillaient ici, ils étaient bah souvent ils étaient déjà arrivés à Berlin avant ou ils pourraient aussi venir directement de la France pour travailler ici?
PI: Non non, venant de France, il n'y avait quasiment pas. (I1: Ok.) Non, y avait ceux qui étaient envoyés par les affaires étrangères ou par l'administration du ministère de la défense, mais sinon civils venant de la France, il n'y avait quasiment pas. Et civils restant ici, il fallait être sérieusement recommandé. Fortement recommandé pour avoir un poste. Votre humble serviteur était fortement recommandé. Oui, bon moi, c'est vrai, j'avais le colonel Charles Legric, qui commandait la base aérienne, lui je dois mon poste.
P4: (C'était combien de temps à l'armée?)
PI: Ah non, c'est tout, j'ai fait seulement mon service militaire, c'est pour ça que souvent les gens qui venaient, quand j'accueillais des groupes, c'était des colonels, des généraux, des commandants, vous étiez quoi dans l'armée, beh écoute pour l'armée, j'étais bidasse. [PI rit]
I3: [en arrière-plan] Ah d'accord ()
I1: Non non, c'est intéressant d'avoir plusieurs perspectives.
PI: Commandant? Non non, j'étais bidasse. [PI rit]
I3: [en arrière-plan]...bien que l'armée était très importante. ()
PI: Bah moi (.) j'ai, j'ai un dossier avec peut être 200, 300 lettres de félicitations, de remerciements pour tout ce que j'ai fait pour des généraux et tout, (.) eh un jour y avait un général qui commandait la cinquième région militaire, ça te dit rien mais c'est Lyon qui m'appelle, il dit j'aimerais venir avec un groupe de collègues à Berlin et tout, j'ai dit oui mais bon général, il faut envoyer une lettre de droit à votre collègue à Berlin, le général me dit oui mais dans l'Hexagone, tout le monde sait que c'est vous qui décidez [PI rit] si c'était vrai en plus hein... bon là un petit trait. J'inscris tout ça avec ce que c'était fait, mais hein pour éviter les retours de bâton hein, vous écrivez au général de façon qu'il transmet votre correspondance et c'était comme ça.
I3: Pour accueillir ici, c'est ça?
PI: Pas seulement ici, non, non, pas seulement ici. Moi ça m'arrivait d'accueillir un groupe de 200 personnes, 200 ou 220 hein (.) 200, 220 personnes, je les ai hébergé au partir de Novotel, au partir de l'hôtel Alzensee, tu connais hein? Hein, le, le Charlottenburg. Bon on avait répartie un peu partout et ici il n'y avait quasiment personne, parce qu'à l'époque, c'était trop...ça faisait trop auberge de jeunesse. (.)
I1: Ehm et est-ce qu'il y a beaucoup des, des gens comme vous qui ont gardé des liens proches avec l'Allemagne après le départ des alliés ou vous pensez que c'est... c'est pas l'exemplaire.
PI: Le problème c'est qu'après le départ des forces, eh c'est... les gens se sont un peu trop reposés sur leurs, leurs acquis. Hein, on dit bon, alors soit on bénéficie d'un plan social on n'a pas besoin de travailler pendant quatre ans et puis après on verra hein. Tout en sachant, au moins combien de fois on est devenu complètement heureux. T'es complètement taré, t’arrêtes tes jours le lendemain, tu recommences à travailler, et moi toujours, je le disais toujours, quand on arrête de travailler, tu ne te remettras jamais au boulot. C'est fini. (I1: Mhm.) Mais en fait, j'ai eu raison, tout ceux que je connais qui ont arrêté de travailler, ne se sont jamais remis au travail. (I3: Mais c'étaient des jeunes?) Mais c'est ceux qui après, je peux le dire, ceux qui après m'enviez à ma position. Mais eh oui on a, je les ai dits "Attends, j'ai du boulot, je t'embauche" hein "ah non non non, j’ai seulement besoin () pour que je m'ai présenté".
Min 01:15:20 I1: Mais généralement, il y en a beaucoup qui sont qui, qui sont restés en Allemagne ou il y en a aussi beaucoup qui sont repartis?
PI: Ah y en a peut-être une centaine qui sont restés, mais sur les milliers, les dizaine de milliers qui sont passés, c'est pas beaucoup. Et puis, bon parce qu'il y a eu ce qu'il y a toujours dans ce cas-là, c'est qu'il y a eu pas mal de divorce à la clé parce que quand le mari... il y a eu des divorces, il y a eu des suicides, quand le mari ne ramène pas d'argent à la maison hein. (.)
I3: Mais ils ont été quatre ans sans travailler, ils ont été subventionnés, ils ont été payés les gens?
PI:
I3: Mais c'est pas les intention...
PI: Ça n'a rien à voir avec le...Sylvie (P4: Oui mais non c'est sûr) Moi je sais pertinemment, j'aurais arrêté à travailler pendant quatre ans, j'aurais du mal á démarrer la machine.
I3: D'accord, oui. Tu veux dire après une fois qu'ils se sont arrêtés, oui ils avaient encore ()
PI: Oui bien sûr. () Et si on veut à court terme, si on veut à court terme tu dis. Bon () quatre ans sans travailler hein, et puis après on se remettra à travailler si nécessaire, mais après tu ne trouves plus de boulot, parce que dans toutes les firmes ou tu vas aller, qu'est ce-que vous avez fait, bah les quatre dernières années, j'étais au chômage. Ah bon? Vous n'avez rien trouvé? Vous allez dire vous n'avez rien cherché.
I1: Et généralement...
PI: Mais j'en connais hein...
I2 [entre à nouveau dans la salle]: Désolé, j'ai un coup de fil qui va durer, je dirais à la prochaine alors.
PI: La prochaine? On terminera la conversation autour d'un steak.
I2: C'est ça. Exactement. [I3 rit] Je suis au courant, merci hein.
PI: Je vais regarder si j'ai des photos.
I2: Oui, ça marche. On peut aussi faire un déplacement chez vous, hein si ça ().
PI: Oui, la cave est bonne. [Hilarité générale] (I2: Merci!)
I1: Et généralement, ils parlaient bien l'Allemand, les gens qui ont travaillé ici à la...au gouvernement militaire?
PI: Bah ça dépend des fonctions. Si, si, si le type il était magasinier pour ranger les rouleaux des fils pour faire emballer, il y a pas besoin pour parler Allemand couramment. (.) Mais sinon les autres, oui, bon en général, ils parlaient bien allemand.
I1: Et avant les...ehm avant 19...Neunzehnvierundachzig? (I3: quatre-vingt-quatorze) 1994, est-ce qu'ils ont déjà réduits tous les locaux, tous les endroits français qu'on avait dans les alentours ou c'était...il y avait toujours autant de soldats?
PI: Non, le pavillon du lac est fermé ou le club de voile, il n'existait plus, il était fermé aussi () jamais fermé parce qu'il passait le jour où le, où les Français l'ont rendu hein, à la mairie de Reinickendorf ,le lendemain le maire nous le rendait parce que c'était ehh donc ehh et la suite était assuré avec une association sous gestion disons juridique allemande, Eingetragener Verein.
I1: Et l'économax?
PI: L'économax? Bah les économaxs, oui pareil, les économaxs, [19]94 c'était fini.
I1: Mais avant ça existait pendant toute la période?
PI: Oui bah les économaxs, au début il y avait des petits économaxs tout au début. Puis après à la fin, il y avait un grand économax à Foch où y avait vraiment tout hein, la bijouterie, il y avait tout. T'as connu toi? (I3: Oui). Ah beh t'as connu. (I3: J'étais qu'une seule fois). Il y avait des grands économaxs à Foch, il y avait à la cité Pasteur là-bas en face de la porte (Auchard), il y avait à la cité Pasteur un petit économax, appelé l'économax Pasteur et il y avait dans la cité Guynemer également un petit économax. Mais le grand économax c'était, où il y avait vraiment tout hein, c'était eh à la cité Foche.
I1 Et la majorité des Français, ils habitaient dans la cité Foch ou c'était aussi...?
PI: Non, en faite, il y avait quatre cités (.) non cinq même. Il y avait les cité Bertozen. Tu sais qui c'est, Bertozen? (I1: Non.) C'est le général de Napoléon (I1: D'Accord. PI rit) Je précise, comme ça. Cité Bertozen. Après il y avait la cité Pasteur. Il y avait la cité Joffre derrière, là où il y a la rue Charles Corcelle. Eh et beh cité Joffre, il y avait la cité Guynmère à côté de l'aéroport. Il y avait la cité Wedding, c'était la petite cité ici et il y avait la cité Foch, donc il y avait six cités.
I1: Mais tous les Français ont vécu dans ces cités là où c'était aussi...
Min 01:20:02 PI: Non c'était une question de statut. C'était les militaires, les familles des militaires ou ceux qui avaient le privilège d'avoir un statut de gouvernement militaire.
I1: Et pour les gens en civile, ils ont aussi eh...est-ce qu'ils ont aussi eu la possibilité de vivre là bas?
PI: Par exemple j'ai 28 personnes et sur les 28 personnes, j'étais le seul à avoir le statut gouvernement militaire.
I1: Mhm. (.) Et après sur la Gazette, j'ai trouvé pas mal des articles sur...beh j'ai vu que c'était légèrement pour le militaire, mais est-ce que c'était aussi ehh beh comment est-ce que c'était ehh...ehm comment on dit verteilen? (PI: Réparti.) Réparti. C'était, c'était juste envoyé aux soldats, au militaire ou comment ça s'est passé? (I3: Ah diffuser tu voulais dire.) Diffuser oui.
PI: Oui oui, non, non. C'était diffusé dans toutes les unités, oui oui, donc eh pour ceux qui étaient intéressés, il y avait la Gazette. Les gens qui étaient intéressés prenaient (I1: D'accord). Parce qu'ils ne mettaient pas ça, les soldats par exemple qui n'étaient pas directement intéressés eh, il y en a, la Gazette ne les intéressait pas. Parce qu'il y a des journaux propres aux unités, il y avait le journal pour le 11ième régiment de chasseurs, il y avait un journal pour le 64ème régiment d'infanterie.
I1: Mais j'ai vu qu'il n'y avait aussi pas mal de publicité pour des événements qui sont...qui étaient organisés ici, je pense qu'il y avait toujours...
PI: C'était automatique ça. Ça veut dire nous, on envoyait à la Gazette notre programme. Et la Gazette, ils avaient une page destinée aux activités culturels du centre, mais voir même de l'institut...l'institut français
I1: Et avec les, les médias locaux comment est-ce que vous avez ehm bah publié vos activités, c'était juste pour...
PI: On envoyait aux rédactions un texte et puis après, la rédaction voyait si ça pouvait faire l'objet de rédactionnel, parce que dans les rédactions tu sais comment ça fonctionne, soit c'est une annonce, il faut payer, soit c'est du rédactionnel donc c'est gratuit.
I1: Mhm. (.)
PI: Moi j'ai eu moi des super contacts avec la presse.
I3: Mhm, mhm. Avec la presse locale?
PI: Oui beh partout, partout je suis allée. Soit à Hamburg, Stuttgart, Friedrichshafen.
I3: [en arrière-plan]: Friedrichshafen aussi?
PI: Oui à Friedrichshafen, pendant 15 jours, la première nuit à Friedrichshafen, toutes les boutiques avaient décorés les vitrines aux couleurs françaises et il y avait un marchand de vélos, il avait, il a mis trois vélos en vitrine, un bleu, un blanc, un rouge. Hein et les librairies mettaient des bouquins sur la France etc., c'était...oui ont fait un carton. Et comme d'habitude, comme tu feuilles un carton, qu'est-ce qui se passe? T'as tous les rapaces qui viennent, les jaloux...on m'a prix au bon marché au bout de 2 ou 3 ans je pense. (..) Et le meilleur, c'est ceux qui ont pris le marché sont des gastronomes locaux, bon ils ont fait 3 cartons et ils se sont plantés, et le maire m'appelle et me dit William, tu veux revenir? Je dis non. Si, si je reviens on se fera une petite bouffe, on fera un petit resto mais eh pour moi le train, il est parti. Mais je suis encore en contact avec le maire, avec son premier adjoint. Eh (.)
I3: On a déjà plein d'informations sur le programme culturel ici, j'imagine.
I1: Il y en a quelques-uns mais c'est plutôt...
PI: Non mais sur le programme culturel par exemple, moi je me souviens d'un groupe qui s'appelait les Octaves, c'était super, un groupe de musique, c'était vraiment génial. Bon mais eh il y a aussi eu des pièces de théâtre, il y avait...beh tiens, tu l'as connu toi, Engler? Il est décédé il y a deux ans (I3: Oui oui.) et personne m'a prévenu (I3: C'est vrai?) Oui, je trouve ça dommage. (I3: Bah oui. Bah écoute, je ne sais pas si on l'a su ().) Bah personne m'a prévenu qu'il était décédé alors qu'on était en très bon rapport parce qu'Engler, lui avait participé aux premières réunions eh à l'époque où il y avait encore les Français pour l'avenir du centre. (I3: D'accord.)
[I3: parle en arrière-plan] ()
I1: Et donc là tous les spectacles, c'était si généralement en allemand ou c'était aussi souvent en français?
PI: Presque toujours en allemand.
I1: Et donc les gens qui venaient ici, c'était souvent juste des gens francophiles ou c'était aussi des francophones?
PI: Les deux en général, mais plus, plus de Berlinois que des Français.
I3: Marie-Laure Muller, ça te dit quelque chose?
Min 01:25:02 PI: Oui oui, des cours de piano. Elle donnait des cours de piano. Qu'est-ce qu'elle devient, elle?
I3: Elle est décédée.
PI: Non!
I3: Si, elle a fini sa vie à Taïwan, c'est là où...c'est le seul endroit ou elle arrivait à donner des cours, des concerts. On l'a trouvée morte dans son appartement, après voilà.
PI: Suicidée?
I3: Non non, non non.
PI: Ah oui, elle donnait des cours de piano à ma fille.
I3: C'était une pianiste, c'était une coryphée de Débussy. Et elle est venue ici plusieurs fois.
PI: Beh oui, j'ai connu tout le monde. Oh la la. (.) Mais c'est incroyable quand on voit passer des gens comme ça. Et tiens, lui il n'est plus là. ()
I3: Beh je ne veux pas déranger l'interview. Ich mische mich ein.
PI: Non, ça ne fait rien, on a le temps.
I1: Et en plus, c'est intéressant d'avoir des différentes perspectives.
I3: Oui, tout à fait.
PI: Moi je suis une des dernières mémoires vivantes de cette époque glorieuse. Et en plus de ça, moi j'étais quand même bien place puisque j'étais au cabinet du général. J'étais ici et là-bas.
I3: C'est ça que je ne comprends pas parce.., quelle était ta position chez le militaire? Ou t'étais pas chez le militaire?
PI: Bah non, moi je faisais partie de ce qu'on appelle le gouvernement militaire de Berlin, c'était une administration civile.
I3: D'Accord. Au niveau de l'administration civile, un poste à l'administration civile.
PI: Et donc j'avais une poste moi, c'est qui est amusant parce que eh avec l'ancien ambassadeur (de mon référant), un jour il dit "Capoen, vous faites parti de mon service. "Le général il dit "Non non, Capoen il est chez moi". Puis après, l'autre dit "Alors choisissez." et moi j'ai fait le bon choix parce que je suis resté chez le général parce que moi là j'avais toujours le support. Le soutiens l'autre côté ehh ce n’était pas... [PI rit] on n'était pas forcément en (ordre) de santé. C'est pour ça quand il arrivait à Berlin, eh eh sachant que j'étais encore ici...Tu enregistres pas là (I1: Oui. I1, rit. I1: Mais on peut le couper hein.) Sachant que j'étais encore ici, ça le gênait un peu.
(.)
I3: ()
PI: Oui, il était directeur des services administratifs et financiers dont (..) il connaissait aussi tous les rouages hein donc ça le gênait d'avoir encore une mémoire vivante à Berlin qui connaisse un peu ses... [PI rit]
I3: D'accord, oui. D'accord, oui. La gestion de l'époque, on va dire.
PI: Non mais ça, il ne faut pas, il ne faut pas ces genre de trucs diffuser. (I1: Oui)
I3: Il existe encore ce Monsieur, hein?
PI: Oui, conard. [PI rit] Tu l'as connu, toi?
I3: Oui. Ah beh connu, j'ai () Vous savez quand était ambassadeur ()
I1: Toi, tu travailles au centre depuis...?
I3: Quinze ans.
PI: Combien de temps?
I3: Quinze ans.
PI: Quinze ans tu travailles ici, toi!
I3: () J'ai eu une vie avant le centre français hein. [I3 ri] À l'époque, on était tout seule avec Anna.
PI: Oui, elle est gentille Anna. Moi je l'ai eu au téléphone il y a, oh il y a un petit moment, combien un mois ou deux, Anna, elle habite à Tegel maintenant. J'ai dit quand je vais à Tegel, je vais lui passer un coup de fils, (on se voit) pour un petit café, gâteau. Moi je l'ai apprécié Anna, je l'ai apprécié.
I3: Oui formidable, moi je suis toujours en contact avec elle.
PI: Non non, je l'ai apprécié beaucoup hein. Il y a des gens comme ça qu'on aime bien. C'est pour ça, quand je suis arrivé, j'ai tout de suite demandé où est Sylvie. [Hilarité générale]. On s'a assez (côtoyé) si on n'a pas travaillé directement ensemble. Voilà Sylvie, chaque fois que t'es au resto et tu vois un petit tarif, beh lui il te faisait ton petit tarif.
I3: Mais je ne sais pas () autant comme ça, malheureusement. Non parce que j'habite très loin, moi j'habite de l'autre côté de
PI: Oui mais on parle des groupes.
I3: Ah pour les groupes, oui oui. Je pensais que tu parlais là personnellement.
PI: Non non pour tes groupes.
I3: Ah oui tout à fait. ()
PI: Quand je vois, quand je vois...j'ai vu les photos, en triant les photos eh on a fait pendant trois, quatre ans le petit festival de Jazz. (I3: Ah oui, oui oui.) 300 personnes! Petit festival de jazz. Hein avec quatre ou cinq groupes différents pendant 3, 4 heures que du Jazz. (I1: Cool). C'était...ça c'est les trucs hyper sympas. Bon on a eu beaucoup d'activités.
I3: Vous étiez combien de temps directeur du centre?
PI: Ehh de 80 à 93, douze ans.
I3: D'accord. (..) 80 à 93. D'Accord, vous avez tout vu, la chute du mûr
PI: Oui comme j'ai dit, moi...le truc c'est que moi, j'étais directeur du centre, mais j'étais également responsable eh des relations publics et des relations internationales pour le cabinet du général, donc j'ai double casquettes et le plus de boulot, c'était ce que me donnait eh l'autre côté, c'était pas que je choisissais. Le boulot monstre que j'avais, c'était, c'était dicter, dicter des heures et des heures, dicter du courrier. Eh ça c'était... (I3: D'accord.) Et puis, pour m'amuser un petit peu comme j'avais passé le boulot, je (passais à) la fête franco-allemande. C'était mon Dada.
I3: Tu connais le grand espace de foire qui se trouve près de l'aéroport?
I1: Bah j'ai vu beaucoup des articles, mais maintenant c'est plus la fête franco-allemande, c'est juste un
PI: Sommerfest. Ils ont fait une erreur hein. J'ai encore tous les chiffres quand je pense eh on avait 500.000 visiteurs. Maintenant s'ils ont 60.000 ou 80.000, c'est le maximum. Ils ont tué la (). (..)
I3: Tu sais qui a repris l'organisation?
PI: Eh c'est les forains, les forains. De toute façon, comme ils ont commencé à tirer trop la couverture vers eux, je leurs ai dit au-revoir. Hein j'étais pas marié avec eux, donc (pourrais) dire au-revoir. D'ailleurs, j'étais non plus tendre avec eux, l'ancien président personnel, parce qu'il est mort il y a quinze jours ou trois semaines, eh je leur ai dit pendant 20 ans, vous m'avez ciré les pompes et maintenant, vous essayez de me... hein. (.) Parce qu'en plus, c'était vrai, grâce à moi, ils avaient le terrain gratis. (..) [I3 rit]
I1: Bah je peux essayer d'arrêter si...
PI: Oui, on reprendra après.
Le fichier audio est terminé.